Napoléon III et les souverains étrangers invités à l’Exposition universelle de 1867…

Charles Porion (Amiens, 1814 – ?, 1905?)

Commande de Napoléon III à Porion en 1867 ? M. Bonaventure, New York, en 1906. Entré dans les collections nationales à une date inconnue. Dépôt du musée national du château de Malmaison en 1952. Entré au château de Compiègne le 17 septembre 1952. Arrêté du 24 octobre 1972.

De nombreux souverains et princes étrangers se rendirent à Paris en visite officielle à l’occasion de l’Exposition universelle, du 1^er avril au 3 novembre 1867. S’ils vinrent à des dates diverses, la composition de Charles Porion les représente réunis autour de Napoléon III devant les Tuileries. Le premier document relatif à ce tableau, en date de 1906, indique qu’il s’agissait d’une commande passée à l’artiste en 1867 par Napoléon III. Les archives relatives à la Liste civile n’en font pas mention, mais le format et l’ambition du tableau incitent à ne pas écarter cette hypothèse¹Fermer1. La commande a pu être passée oralement, l’acte administratif ne devant intervenir qu’au moment de la livraison de l’œuvre, selon une pratique souvent constatée à cette époque. Son paiement a pu aussi être prévu sur la cassette personnelle du souverain.. Le dessin d’ensemble fut en tout cas arrêté et diffusé dès avant la fin du Second Empire, comme en atteste un mouchoir imprimé conservé au musée de l’Impression sur l’étoffe à Mulhouse. Cependant, l’aggravation des tensions diplomatiques, déjà vives en 1867 – l’empereur Maximilien du Mexique, frère de François-Joseph d’Autriche, fut exécuté le 19 juin 1867 –, puis la guerre franco-prussienne de 1870, devaient rendre cette image d’unité impossible. Aussi la toile ne fut-elle achevée que bien plus tard, en 1895.

Les souverains, princes et officiers représentés sont :
- au premier rang, de gauche à droite : Charles XV, roi de Suède (1859-1872) – Guillaume I^er, roi de Prusse (1861-1888) – François-Joseph I^er, empereur d’Autriche (1848-1916) et roi de Hongrie (1867-1916) – Napoléon III, empereur des Français (1852-1870) – Alexandre II, empereur de Russie (1855-1881) – Abdul Aziz, sultan de l’Empire ottoman (1861-1876) – Léopold II, roi des Belges (1865-1909),
- au deuxième rang, de gauche à droite : François d’Assise de Bourbon, roi consort d’Espagne (1822-1902) – Guillaume d’Orange, prince-héritier des Pays-Bas (1840-1879) – Otto von Bismarck, ministre-président de Prusse (1862-1870) – Frédéric-Guillaume de Hohenzollern, prince héritier de Prusse (Frédéric III, roi de Prusse et empereur allemand, 1888) – Édouard, prince de Galles (Édouard VII, roi du Royaume-Uni et empereur des Indes, 1901-1910) – le prince Napoléon, cousin de Napoléon III (1822-1891) – le tsarévitch Alexandre (Alexandre III, tsar de Russie, 1881-1894) – Humbert, duc d’Aoste (Humbert I^er, roi d’Italie, 1878-1900) – Georges I^er, roi des Hellènes (1863-1913) – Charles-Alexandre, roi de Würtemberg (1864-1891) – Ismaïl Pacha, vice-roi d’Égypte (1863-1879)
- au troisième rang, de gauche à droite : le maréchal Canrobert (1809-1895) – le général Fleury (1815-1884) – le maréchal de Mac Mahon, duc de Magenta (1808-1893, président de la République de 1873 à 1879) – le prince Frédéric-Charles de Prusse, général et neveu de Guillaume I^er (1828-1885) (?) – personnage non identifié – le général Cousin-Montauban, comte de Palikao (1796-1878) – le maréchal Forey (1804-1872) – le maréchal Randon (1795-1871), ministre de la guerre – le maréchal Bazaine (1811-1888) ? – le maréchal Niel (1802-1869).

Ces personnalités arborent les décorations de leur pays, ainsi que le grand cordon rouge de la Légion d’honneur, en hommage à leur hôte. Ils portent, en outre, leurs décorations étrangères les plus honorifiques, particulièrement l’ordre de la Toison d’or, l’un des plus anciens d’Europe, que l’on aperçoit au cou de plusieurs d’entre eux.

Au balcon du pavillon central des Tuileries, dans le fond de la composition, derrière l’arc du Carrousel, on aperçoit l’impératrice Eugénie et le Prince impérial.

Cette toile est à rapprocher du tableau de E. Meister (voir MV 5391), Revue passée à Longchamp, 6 juin 1867, également conservé dans nos collections.

Auteur du commentaire : Laure Chabanne