La galerie de Bal
Pensée comme une résidence estivale liée à la pratique de la chasse, Compiègne ne possède pas, dans le projet initial de Gabriel, de lieu spécifiquement dédié aux réceptions. En investissant la résidence, Napoléon ordonne en 1807 la création d’une salle de Bal qui pourra être utilisée pour les diverses cérémonies de la nouvelle cour impériale. L’architecte Berthault supervise le chantier. Débuté en 1808, il se prolonge jusque sous la Restauration, même si un premier achèvement permet d’y organiser dès mars 1810 des représentations théâtrales lors de l’arrivée de la nouvelle impératrice Marie-Louise.
Située entre la salle des Gardes et le nouvel appartement de l’impératrice, elle occupe, à proximité de la chapelle, l’emplacement d’appartements occupés avant la Révolution par le comte et la comtesse d’Artois. La démolition de la distribution d’origine et de l’étage d’attique permet de créer une haute et vaste galerie aux élégantes proportions (45 mètres de long, 13 mètres de large et 10 mètres de haut). Vingt colonnes d’ordre corinthien en stuc doré scandent l’espace, lui conférant harmonie et majesté. Elles supportent un large entablement sculpté destiné à recevoir la voûte ornée.
Dans la lignée de celle de Versailles, celle-ci reçoit un ample décor peint à la gloire de son commanditaire. Occupant la plus grande partie de la surface, les parties ornementales sont exécutées par Dubois et Redouté dans des tonalités d’or et de vert. Caractéristiques de cette période, elles font alterner instruments de musique, mascarons, casques, guirlandes et couronnes de fleurs dans des cartouches encadrés de frises de grecques. Douze compartiments plus larges laissent place à des compositions réalisées par des élèves de Regnault évoquant de façon allégorique les victoires napoléoniennes et les hauts faits du règne : La Bataille de la Moscowa, La Bataille d’Austerlitz, La Bataille des Pyramides, La Bataille de Friedland, La Bataille d’Arcole, La Bataille d’Iena, La Bataille de Rivoli, La Capitulation d’Ulm, La Bataille de Wagram, La Campagne d’Égypte, La Victoire et la Paix favorisant les Arts, La Victoire proclamée par la Renommée.
Au-dessus des portes, Charles-Auguste Taunay (1768-1824) sculpte quatre bas-reliefs en plâtre doré qui sont d’explicites allusions au bon gouvernement et à la magnanimité du prince : Mars de retour en France y ramène l’Abondance et la Victoire prend place au-dessus de l’antichambre de l’impératrice ; en pendant : Jupiter assisté par Minerve accorde son pardon aux villes conquises. En face, du côté de la galerie Natoire, Apollon vient ranimer la terre en lui présentant les Arts tandis qu’Hercule met les criminels en fuite et place l’Innocence sous la protection de la Justice au-dessus de la porte du côté de la chapelle.
A l’origine, les tympans des extrémités étaient ornés des armes impériales, peintes par Dubois et Redouté. Au retour au pouvoir des Bourbons, la Maison du Roi commande à Girodet en décembre 1814 les compositions qui les remplaceront. Leur iconographie plus consensuelle rappelle la destination du lieu : La Danse des Grâces présidée par Apollon est encadrée des figures de Mercure et d’une naïade du côté de l’actuelle galerie des Revues ; La Danse des Nymphes présidée par le dieu Pan, entourée des figures de Bacchus et d’une naïade, prend place du côté de l’appartement de l’Impératrice.