L’Adoration des bergers

Friedrich Sustris (Italie, vers 1540? – Munich, 1599)

Galerie de Schleissheim. Saisie et envoi à Paris en 1800. Envoi à Strasbourg en 1815 puis à Nancy. Entré au château de Compiègne le 12 juillet 1834 ; chapelle, rez-de-chaussée en 1841 ; chapelle en 1846 ; idem en 1848 ; chapelle, rez-de-chaussée en 1850 ; chapelle en 1856 ; chapelle, tribune en 1867 ; idem en 1874 ; chapelle en 1893 ; chapelle, rez-de-chaussée en 1894.

Friedrich Sustris est le fils de Lambert Sustris (1515/1520-après 1568) qui fit une brillante carrière en Italie dans l’entourage de Titien avant de gagner Augsbourg, où il se consacre aux portraits, et de retourner ensuite en Italie à Padoue. Son fils suit un cursus presque similaire. Élève de Giorgio Vasari (1511-1574) à Florence, il participe avec celui-ci au décor du Palazzo Vecchio (Studiolo de François I^er). Dans les années 1568-1569, il est appelé à Augsbourg par les Fugger. De cette époque datent d’importantes réalisations au château de Trausnitz, puis à la Résidence de Munich, où il se met au service du duc Guillaume V (1548-1626), pour lequel il dessine les jardins de la grotte et participe à la construction de l’aile droite de la Résidence, dite du « Prince héritier ».

Provenant de la galerie de peintures du château de Schleissheim, L’Adoration des bergers est entrée à Compiègne avec une attribution à Parmesan (1503-1540) ; de son côté, Sylvie Béguin a avancé le nom de Hans von Aachen (1552-1615) avant de se rallier à l’avis de spécialistes comme Oberhuber ou Ballarin. De fait, Friedrich Sustris est un artiste complexe mêlant les apports néerlandais et italiens, tels ceux de Vasari ou encore de Francesco Salviati (1510-1563), dont il s’inspire pour peindre des personnages aux poses contournées, dans l’esprit du maniérisme de l’époque. Cette remarque peut s’appliquer à une Adoration des bergers passée en vente en 1992¹Fermer1. New York, vente Christie’s le 16 janvier 1992, lot n^o 99, repr. chez Christie’s à New York (lot n^o 99, repr.), très italienne d’esprit, avec cette même attention pour l’architecture, l’ouverture sur l’espace, la présence des anges musiciens et des personnages à demi masqués par l’obscurité du temple, autant d’éléments présents dans le tableau de Compiègne qui pourrait dater de son retour à Munich.

Auteur du commentaire : Jacques Kuhnmunch