Jacques Kuhnmunch, Laure Chabanne & Étienne Guibert
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La Confidence
Ernest Meissonier (Lyon, 1815 – Paris, 1891)

Inscription

S.D.b.d. : EMeissonier 1857 (E retourné et accolé au M)

Historique

Hébert en 1860. John Siltzer à Manchester en 1866, en 1884. Alfred Chauchard en 1893. Legs aux musées nationaux en 1906. Entrée matérielle au musée du Louvre en 1909. Comité du 4 décembre 1909. Conseil du 6 décembre 1909. Décret du 15 janvier 1910. Dépôt du département des Peintures en 1953. Entré au château de Compiègne le 25 juin 1953. Arrêté du 30 janvier 1957. Affecté au musée d’Orsay.

Commentaire

Ayant commencé sa carrière comme illustrateur, Ernest Meissonier se fit une réputation au Salon comme peintre de genre. Les petits tableaux sur bois qu’il exposa à partir du début des années 1840 s’inspiraient des maîtres hollandais pour la composition et les effets de lumière, et de l’Ancien Régime quant aux sujets. Dédaignant la grâce frivole de la vie de boudoir qui séduisait alors Eugène Lami ou Camille Roqueplan, il s’attacha notamment à décrire des gentilshommes du xviiie siècle dans leurs occupations intimes. Meissonier travaillait toujours d’après nature et était soucieux du moindre détail. Il habillait ses modèles de costumes d’époque achetés à peu de frais au marché du Temple. Le raffinement de ses mises en scène et l’habileté extrême de son pinceau lui valurent un succès considérable. Ses tableaux s’arrachaient à prix d’or. Ils entrèrent dans les collections des plus riches amateurs, tels que Lord Hertford et son fils Richard Wallace, ou des grands banquiers et hommes d’affaires comme les Delessert, les Rothschild, les Péreire ou le Belge Alfred Mosselmann. En 1855, parmi toutes les peintures françaises présentées à l’Exposition universelle, ce fut une œuvre de Meissonier, La Rixe (Londres, Royal Collection trust), que Napoléon III acquit, pour la somme considérable de 25 000 francs, afin de l’offrir au prince Albert pour son anniversaire. À la fin de sa vie, cet artiste qui avait toujours voulu être peintre d’histoire renia pourtant ses « bonshommes », affirmant qu’ils n’avaient été qu’une production alimentaire11. « Les bonshommes que j’ai faits […] ne sont pas l’expression de ma nature […] ; elle s’est résignée à les faire, voilà tout, mais en rêvant à autre chose. » Octave Gréard, Jean-Louis-Ernest Meissonier. Ses souvenirs – ses entretiens, Paris, Hachette, 1897, p. 197..
Ce tableau met en scène deux hommes qui déjeunent ensemble et s’apprêtent à déguster le dessert. Le plus jeune, vêtu d’un habit rose, lit à son ami une lettre de sa bien-aimée. Le naturel des attitudes souligne l’intimité des deux protagonistes. L’amoureux se penche vers son confident et pose la main sur son bras pour solliciter toute son attention. L’autre le considère d’un œil dubitatif, voire amusé. Nonchalamment assis sur sa chaise, le coude sur la table et le menton calé dans la paume de sa main, il l’écoute sans rien dire. Ainsi que l’a noté Henri Delaborde, Meissonier s’est avant tout attaché à traduire la psychologie des personnages : « L’empressement du premier à épancher sa joie ou ses espérances, la vivacité insinuante avec laquelle il précise et fait ressortir par le mouvement de toute sa personne les informations que ses lèvres transmettent à son compagnon, tandis que celui-ci écoute froidement cette confidence passionnée et en calcule à part lui les conséquences, – tous ces subtils contrastes entre ce que pensent ou sentent les deux acteurs de la scène sont analysés et rendus avec la perspicacité d’un moraliste et la verve d’un poète comique. » Meissonier a aussi pris un plaisir visible à décrire la faïence à décor bleu et blanc, l’assiette de fruits, les carafes et le verre de vin posés sur la table, ainsi que la nappe immaculée à liserés bleus qui la recouvre. Le reste du décor est en revanche relativement sommaire. Sur les boiseries à la capucine sont suspendus deux tricornes dont la présence semble surtout se justifier par la nécessité de donner de la profondeur à la composition22. Meissonier avait tout d’abord envisagé d’accrocher un tricorne au-dessus de la tête du confident. Ce repentir est aujourd’hui visible par transparence accrue.. Une feuille sur le sol au premier plan joue le même rôle.
L’année suivante, Meissonier utilisa un dispositif similaire (deux personnages assis de part et d’autre d’une table et devisant autour d’un repas) pour une illustration des Contes rémois de Chevigné, « Le bon docteur », qu’il transposa en peinture en 1860 sous le titre Le Vin du curé (Reims, musée Saint-Denis). Dans cette variante, le décor est plus élaboré (une grande armoire et deux portes vitrées ferment l’espace à l’arrière-plan), tandis que la scène présente moins d’intensité sur le plan psychologique.

Auteur du commentaire : Laure Chabanne

1. « Les bonshommes que j’ai faits […] ne sont pas l’expression de ma nature […] ; elle s’est résignée à les faire, voilà tout, mais en rêvant à autre chose. » Octave Gréard, Jean-Louis-Ernest Meissonier. Ses souvenirs – ses entretiens, Paris, Hachette, 1897, p. 197.
2. Meissonier avait tout d’abord envisagé d’accrocher un tricorne au-dessus de la tête du confident. Ce repentir est aujourd’hui visible par transparence accrue.
Bibliographie
Index

Genre :
Scènes de genre
Peinture d’intérieur

Index iconographique :
Homme ; intérieur ; repas

Œuvre en rapport dans la collection
Copyrights

Étapes de publication :
2020-06-15, publication initiale de la notice rédigée par Laure Chabanne

Pour citer cet article :
Laure Chabanne, La Confidence, dans Catalogue des peintures du château de Compiègne, mis en ligne le 2020-06-15
https://www.compiegne-peintures.fr/notice/notice.php?id=537

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