Jacques Kuhnmunch, Laure Chabanne & Étienne Guibert
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Homme choisissant son épée (époque de Louis XIII) dit aussi L’Homme à l’épée
Ernest Meissonier (Lyon, 1815 – Paris, 1891)

Inscription

S.D.b.g. : EMeissonier 1851 (E retourné et accolé au M )

Historique

Van Praet. Alfred Chauchard. Legs aux musées nationaux en 1906. Entrée matérielle au musée du Louvre en 1909. Comité du 4 décembre 1909. Conseil du 6 décembre 1909. Décret du 15 janvier 1910. Dépôt du département des Peintures en 1953. Entré au château de Compiègne le 25 juin 1953. Affecté au musée d’Orsay.

Commentaire

Ce tableau se rattache à la veine des hommes d’armes dans laquelle Meissonier se lança en 1845, peu après que le roman Les Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas fut publié et porté au théâtre. Lors de sa présentation au Salon, Théophile Gautier y décela l’influence de l’Espagne, mise à la mode notamment par la Galerie espagnole de Louis-Philippe. De fait, l’élégance du personnage rappelle celle des cavaliers de Vélasquez. Le rouge claquant des bas et de la cape fait valoir le gris subtil de l’habit et le blanc du col et des manchettes. Le costume porté par cet homme est identique à l’un de ceux que Meissonier avait dessinés pour L’Aventurière, comédie en cinq actes et en vers créée en 1848 par son ami Émile Augier11. Octave Gréard, Jean-Louis-Ernest Meissonier. Ses souvenirs – ses entretiens, Paris, Hachette, 1897, repr. p. 96 (dessin de la collection Augier). Le personnage est plus âgé mais la pose est très semblable.. Très attaché à l’étude sur nature, le peintre dut probablement en faire usage pour travailler à loisir. Quant au modèle à la moustache fringante, il apparaît également dans Les Bravi (1852, Londres, Wallace collection), tableau présenté par le peintre au Salon de 1852 en même temps que celui-ci.
Meissonier a peint cette composition sur un portrait d’Honoré de Balzac. L’écrivain admirait notamment ses talents d’illustrateur et lui avait confié la composition de plusieurs vignettes de la Comédie humaine22. Octave Gréard rapporte ce commentaire du peintre : « Oui, j’ai beaucoup connu Balzac, qui était en effet étourdissant d’imagination et d’orgueil, un orgueil immense et sincère. J’ai commencé de lui un portrait admirablement lancé […] sur lequel, malheureusement, j’ai peint autre chose ; il est sous l’un de mes meilleurs tableaux, actuellement en Belgique : l’Homme qui choisit une épée. » Octave Gréard, Jean-Louis-Ernest Meissonier. Ses souvenirs – ses entretiens, Paris, Hachette, 1897, p. 264.. Il fut également question d’un portrait dès 1840 pour servir de frontispice à celle-ci, mais l’un et l’autre étaient fort occupés et l’œuvre resta inachevée. Selon O. Gréard, l’artiste, saisi d’une inspiration subite, aurait un jour pris le panneau pour brosser une étude de culotte et recouvert la figure en cours33. « Le portrait, assis à mi-corps, venait à merveille. Malheureusement, il fut interrompu pendant quelques semaines. Un jour qu’un modèle posait une culotte « dont les plis s’arrangeaient bien », Meissonier voulut la fixer. Il commença l’esquisse sur un coin du panneau où Balzac attendait. La culotte, « s’arrangeant de mieux en mieux », empiéta sur la figure et finit par la couvrir. Elle est devenue celle de l’Homme à l’épée. Le portrait fut sacrifié. » Octave Gréard, Jean-Louis-Ernest Meissonier. Ses souvenirs – ses entretiens, Paris, Hachette, 1897, p. 26.. Ceci paraît toutefois peu vraisemblable. La réutilisation du panneau fut vraisemblablement postérieure à la mort de Balzac en 185044. L’anecdote rapportée par Octave Gréard contredit en outre une autre information donnée par sa monographie. Il a en effet reproduit une eau-forte originale de Meissonier intitulée L’Homme à l’épée, ou Les Apprêts du duel, qui correspond exactement à notre tableau (Octave Gréard, Jean-Louis-Ernest Meissonier. Ses souvenirs – ses entretiens, Paris, Hachette, 1897, p. 449). Il la date de 1843, ce qui implique que l’artiste aurait tout d’abord conçu cette composition pour l’estampe avant de la traduire en peinture. Le fait est connu pour d’autres œuvres, mais il paraît toutefois peu probable ici, notamment parce que le même modèle aurait posé près de dix ans plus tard pour Les Bravi sans que ses traits eussent changé., Homme choisissant son épée étant daté de 1851. Une radiographie de l’œuvre, réalisée en 1950 à l’occasion de l’exposition consacrée à Balzac par la Bibliothèque nationale, a confirmé en tout cas la présence de l’esquisse sous-jacente.
Le premier propriétaire de ce tableau fut le collectionneur belge Jules Van Praet (1806-1888). Secrétaire privé puis ministre de la Maison du roi sous le règne de Léopold Ier de Belgique, Van Praet devint en 1865 le conseiller de son successeur, Léopold II. Issu d’une famille de bibliophiles, il était considéré comme un amateur averti. Dans sa maison de la rue Ducale à Bruxelles, il avait des œuvres anglaises et françaises, notamment de Bonington et de Decamps. Il s’intéressa aussi beaucoup à l’école de Barbizon. L’Angelus de Millet passa entre ses mains. Particulièrement friand des tableaux de Meissonier, il lui acheta cette œuvre après le Salon de 1852. L’artiste le félicita d’avoir « un bien joli tableau » et lui adressa son autoportrait dédicacé. Van Praet acquit également entre autres le Liseur noir (voir R.F. 1849). Il était conseillé par son ami Arthur Stevens, marchand belge implanté à Paris, qui vendait des œuvres de Meissonier. Ajoutons que Rentrée du monde d’Alfred Émile Léopold Stevens (voir LUX. 336), frère d’Arthur et protégé de Meissonier à ses débuts, figura également dans sa collection.

Auteur du commentaire : Laure Chabanne

1. Octave Gréard, Jean-Louis-Ernest Meissonier. Ses souvenirs – ses entretiens, Paris, Hachette, 1897, repr. p. 96 (dessin de la collection Augier). Le personnage est plus âgé mais la pose est très semblable.
2. Octave Gréard rapporte ce commentaire du peintre : « Oui, j’ai beaucoup connu Balzac, qui était en effet étourdissant d’imagination et d’orgueil, un orgueil immense et sincère. J’ai commencé de lui un portrait admirablement lancé […] sur lequel, malheureusement, j’ai peint autre chose ; il est sous l’un de mes meilleurs tableaux, actuellement en Belgique : l’Homme qui choisit une épée. » Octave Gréard, Jean-Louis-Ernest Meissonier. Ses souvenirs – ses entretiens, Paris, Hachette, 1897, p. 264.
3. « Le portrait, assis à mi-corps, venait à merveille. Malheureusement, il fut interrompu pendant quelques semaines. Un jour qu’un modèle posait une culotte « dont les plis s’arrangeaient bien », Meissonier voulut la fixer. Il commença l’esquisse sur un coin du panneau où Balzac attendait. La culotte, « s’arrangeant de mieux en mieux », empiéta sur la figure et finit par la couvrir. Elle est devenue celle de l’Homme à l’épée. Le portrait fut sacrifié. » Octave Gréard, Jean-Louis-Ernest Meissonier. Ses souvenirs – ses entretiens, Paris, Hachette, 1897, p. 26.
4. L’anecdote rapportée par Octave Gréard contredit en outre une autre information donnée par sa monographie. Il a en effet reproduit une eau-forte originale de Meissonier intitulée L’Homme à l’épée, ou Les Apprêts du duel, qui correspond exactement à notre tableau (Octave Gréard, Jean-Louis-Ernest Meissonier. Ses souvenirs – ses entretiens, Paris, Hachette, 1897, p. 449). Il la date de 1843, ce qui implique que l’artiste aurait tout d’abord conçu cette composition pour l’estampe avant de la traduire en peinture. Le fait est connu pour d’autres œuvres, mais il paraît toutefois peu probable ici, notamment parce que le même modèle aurait posé près de dix ans plus tard pour Les Bravi sans que ses traits eussent changé.
Bibliographie
Index

Genre :
Scènes de genre

Index iconographique :
Épée ; homme

Œuvres en rapport dans la collection
Copyrights

Étapes de publication :
2020-06-15, publication initiale de la notice rédigée par Laure Chabanne

Pour citer cet article :
Laure Chabanne, Homme choisissant son épée (époque de Louis XIII) dit aussi L’Homme à l’épée, dans Catalogue des peintures du château de Compiègne, mis en ligne le 2020-06-15
https://www.compiegne-peintures.fr/notice/notice.php?id=533

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