Le Rieur (époque du xvii^e siècle)

Ernest Meissonier (Lyon, 1815 – Paris, 1891)

Milton Latham. Sa vente, New York, 1881. Defoer en 1884. Sa vente, le 22 mai 1886, n^o 26. Alfred Chauchard en 1893. Legs aux musées nationaux en 1906. Entrée matérielle au musée du Louvre en 1909. Comité du 4 décembre 1909. Conseil du 6 décembre 1909. Décret du 15 janvier 1910. Dépôt du département des Peintures en 1953. Entré au château de Compiègne le 19 juin 1953. Arrêté du 30 janvier 1957. Affecté au musée d’Orsay.

À l’instar du tableau Homme choisissant son épée (voir R.F. 1848), cette œuvre se rattache à la figure de l’homme d’armes, thème que Meissonier introduisit dans sa peinture en 1845, peu après la publication du roman Les Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas. Alors que les gentilshommes et les fumeurs décrits par l’artiste sont généralement placides, les cavaliers montrent un tempérament vigoureux. Ce Rieur en est l’exemple. Fermement campé sur ses jambes, une épée à la main et l’autre au côté, il s’esclaffe, renversant la tête en arrière. L’objet de sa gaieté demeure hors champ, mais le tambour et le drapeau disposés derrière lui laissent imaginer la présence d’autres soldats. L’isolement de la figure est caractéristique de la peinture de Meissonier, de même que l’attention apportée par l’artiste au costume. Avec son large col de dentelle et ses bottes à revers, ce mousquetaire ne manque pas d’élégance. Comme dans Homme choisissant son épée, le rouge des revers et de la cape met en valeur le gris de l’habit et la blancheur du linge. Le vert de l’écharpe apporte une note sonore en accord avec le sujet. Quant à la touche, elle se fait plus enlevée qu’à l’habitude chez Meissonier, notamment au niveau des mains, pour traduire l’entrain du rieur. Cette liberté de facture évoque l’art de Franz Hals, de même que le thème du tableau. Remarquons d’ailleurs que l’exécution du Rieur fut contemporaine du passage en vente publique à Paris d’un tableau de Hals aujourd’hui célèbre, Le Cavalier riant (1624, Londres, Wallace collection), qui se trouvait jusqu’alors dans la collection du comte de Pourtalès¹Fermer1. Le tableau ne portait pas encore ce titre. Il fut décrit comme « Portrait d’un homme vu à mi-corps… ». Voir Catalogue des tableaux anciens & modernes, dessins qui composent les collections de feu M. le comte de Pourtalès-Gorguier…, [vente des 27 mars, 31 mars, 1^er, 3 et 4 avril 1865]. [Paris] : [s.n.], [1865], n^o 158.. Ce fut Lord Hertford, l’un des principaux collectionneurs d’œuvres de Meissonier, qui en fit l’acquisition.

Auteur du commentaire : Laure Chabanne