Jacques Kuhnmunch, Laure Chabanne & Étienne Guibert
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La Comtesse de La Bédoyère
Paul Jacques Aimé Baudry (La Roche-sur-Yon, 1828 – Paris, 1886)

Illustrations de comparaison
Anonyme, Clotilde de La Rochelambert, comtesse de la Bédoyère, photographie carte de visite, fin des années 1850, album de Georges Huchet de la Bédoyère, C.58.051, planche 17.
Anonyme, Clotilde de La Rochelambert, comtesse de la Bédoyère, et ses enfants, Laurent et Jean, dit Jehan, photographie carte de visite, fin des années 1850, album de Georges Huchet de la Bédoyère, C.58.051, planche 17.
Inscription

S.h.g. : PAUL BAUDRY

Historique

Comte Jehan de La Bédoyère. Mme Reimbert. Don en 1958. Comité du 5 juin 1958. Conseil du 12 juin 1958.

Commentaire

Ayant obtenu le grand prix de Rome en 1850, Paul Baudry mena sous le Second Empire une double carrière de peintre d’histoire et de portraitiste. Il obtint son premier grand succès dans ce domaine avec le portrait de Charles Beulé (Angers, musée des Beaux-Arts) présenté au Salon de 1857. Celui de la comtesse de la Bédoyère n’est pas daté, mais il était en cours d’exécution en juillet 1858. À cette période, Baudry travaillait à un important chantier de décoration pour l’hôtel particulier d’Achille Fould, ministre des Finances de Napoléon III. Ses talents de décorateur lui valurent ensuite la commande du grand foyer du nouvel opéra construit par son ami Charles Garnier.
Comme Achille Fould, Clotilde Joséphine Gabrielle de la Rochelambert, comtesse de La Bédoyère (1829-1884), faisait partie des familiers de la cour impériale. En 1855, elle fut nommée au nombre des dames du palais de l’impératrice Eugénie, tandis que son époux, Georges César Huchet de la Bédoyère (1814-1867), devenait chambellan de Napoléon III.
Bien que ce tableau représente madame de la Bédoyère à mi-corps et non en pied, Baudry a repris ici tous les codes du grand portrait d’apparat. La comtesse pose en toilette de bal, la main sous le menton, écho aux statues antiques et aux portraits d’Ingres. Elle est accoudée sur le marbre d’une console néo-rocaille en bois doré, sur laquelle est négligemment jetée une pelisse. Une rose, une verrière en cristal et une draperie pourpre à l’arrière-plan complètent cette composition à l’ambiance luxueuse. Toutefois, la coiffure en bandeaux ondulés du modèle et son absence de bijoux, hormis un fin bracelet, lui confèrent une certaine simplicité. Inspirée des maîtres vénitiens qu’admirait Baudry, l’harmonie chaude de la toile met d’abord en valeur le visage et les chairs, évitant tout clinquant. La position de l’insigne de dame du Palais de la comtesse, symbole de son appartenance à la Maison de l’Impératrice, semble indiquer la même hésitation entre étalage et retenue. Ce bijou comportait un écusson au chiffre « EI » en brillants sur fond d’émail bleu, sommé d’une couronne et d’un ruban rayé bleu et blanc. Il s’épinglait sur la poitrine, alors qu’il repose ici curieusement sur la pelisse, comme si le peintre avait réparé une omission fâcheuse.
On peut légitimement se demander si ce portrait plut au modèle. En effet, Baudry envisageait en juillet 1858 de l’exposer au Salon, mais il n’en fit rien. Un an plus tard, à l’automne 1859, la toile était toujours dans son atelier et il écrivait à ses parents à propos de la comtesse de la Bédoyère : « Je lui enverrai son portrait que j’ai encore chez moi, puis une prière de me payer, je passerai à l’invitation la seconde fois, la troisième ce sera l’huissier qui portera ma demande… Je suis décidé à en venir à bout11. Lettre à ses parents, automne 1859, citée par V. Goarin (1986), p. 35.. » Il obtint finalement gain de cause l’année suivante. La dame ne semble pas lui en avoir tenu rigueur puisqu’elle lui adressa une missive pour le prévenir de l’une des visites de l’impératrice Eugénie dans son atelier. La souveraine avait acquis au Salon de 1857 son Saint Jean-Baptiste enfant (Paris, musée d’Orsay). Baudry fut invité à deux reprises aux « séries » de Compiègne, en 1861 puis en 1865, et de nouveau distingué au Salon de 1863 lorsque l’impératrice fit entrer La Perle et la Vague (Madrid, musée du Prado) dans sa collection personnelle.
Des trois enfants nés de Clotilde et Georges de la Bédoyère, deux survécurent : Laurent (1850-1892) et Jehan (1853-1931). Après le décès de son époux, la comtesse se remaria en 1869 avec Edgar Ney, prince de la Moskowa (1812-1882) (voir son portrait C.38.2052). Le couple demeura sans postérité. Ce tableau a été offert au château de Compiègne par la fille adoptive de Jehan de la Bédoyère, madame Reimbert, née Ninia de Saint-Georges.

Auteur du commentaire : Laure Chabanne

1. Lettre à ses parents, automne 1859, citée par V. Goarin (1986), p. 35.
Bibliographie
Index
Œuvres en rapport dans la collection
Copyrights

Étapes de publication :
2020-06-15, publication initiale de la notice rédigée par Laure Chabanne

Pour citer cet article :
Laure Chabanne, La Comtesse de La Bédoyère, dans Catalogue des peintures du château de Compiègne, mis en ligne le 2020-06-15
https://www.compiegne-peintures.fr/notice/notice.php?id=326

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