Jacques Kuhnmunch, Laure Chabanne & Étienne Guibert
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L’Enrôlement des Volontaires. Esquisse
Thomas Couture (Senlis, 1815 – Villiers-le-Bel, 1879)

Illustration de comparaison
Thomas Couture, L’Enrôlement des volontaires de 1792,Thomas Couture, Beauvais, musée départemental de l’Oise, INV. 77.448.
Historique

Indivision Couture, état du 16 février 1884, no 17 (« Petite esquisse du tableau L’Engagement des Volontaires »). Berthe Couture, épouse Bertauts, fille de l’artiste. Georges Bertauts-Couture. Don avec réserve d’usufruit le 30 juin 1953. Arrêté du 7 octobre 1963. Entré au château de Compiègne le 11 mai 1964. En dépôt au musée du Haubergier de Senlis le 2 juin 1967 ; arrêté du 20 février 1967. Fin de dépôt à Senlis le 16 avril 1976. Mis en dépôt au musée départemental de l’Oise à Beauvais en 1973 ; arrêté du 16 avril 1973.

Commentaire

Peu après le triomphe des Romains de la décadence au Salon de 1847, Thomas Couture se lança dans la mise au point d’une nouvelle grande composition. Dans sa livraison du 26 décembre 1847, L’Artiste annonça : « M. Couture prépare aussi les esquisses et les études de son grand tableau de l’Enrôlement des volontaires en 1792. Cette composition aura pour le moins la dimension de l’Orgie romaine. Elle est entendue à la fois comme une fête populaire et comme une allégorie. […] L’idée est belle, et l’exécution sera brillante ; mais il faut quelques années pour faire le tableau ».
Si Couture eut l’idée de traiter ce sujet dès la fin de 1847, ce projet entra rapidement en résonance avec l’évolution politique du début de l’année 1848. Alors que la Seconde République n’avait que quelques jours, Arsène Houssaye, rédacteur en chef de L’Artiste, publia un article intitulé « République des arts et des lettres », sorte de catalogue des revendications et de programme des réformes du milieu artistique. Il proposait notamment : « Il faut au Louvre un musée de la république, c’est-à-dire une galerie où soient exposées toutes les scènes immortelles de la révolution. Couture et Gigoux ont déjà, depuis longtemps, commencé deux belles pages de ce musée11. Arsène Houssaye, « République des arts et des lettres », L’Artiste, 27 février-6 mars 1848, p. 258. Nous remercions vivement Thierry Cazaux pour l’aide apportée dans la rédaction de cette notice. ». Bien que le propos soit évasif, prononcé à chaud dans un contexte politique particulier, la « belle page » évoquée se réfère certainement à l’Enrôlement des volontaires. Le passage du projet personnel à la commande officielle est bien connu. Intervenue le 9 octobre 1848, celle-ci fut formalisée deux jours plus tard par un courrier du directeur des Beaux-Arts, Charles Blanc. Georges Bertauts-Couture indique que l’Enrôlement des volontaires était destiné à l’Assemblée nationale où il aurait dû remplacer la toile d’Eugène Devéria, Le Roi Louis-Philippe prête serment, en présence des chambres, de maintenir la charte de 1830, 9 août 1830. Le destin de l’Enrôlement des volontaires fut toutefois de nouveau bousculé par les événements politiques. Comme l’explique Couture dans une note portée au dos d’un dessin appartenant aux collections compiégnoises (C.52.011/42), son exécution fut interrompue après le rétablissement de l’empire, sur ordre de Napoléon III. L’ambitieux tableau, demeuré inachevé, se trouve aujourd’hui au MUDO à Beauvais.
L’esquisse appartenant aux collections du château de Compiègne est la première pensée peinte pour l’Enrôlement des volontaires. La composition est déjà en place : la tribune et les deux victoires ailées en partie haute, la frise des enrôlés en bas. Elle s’articule autour de l’allégorie féminine de la Liberté, coiffée d’un bonnet phrygien. La partie gauche de l’œuvre, comportant notamment un homme aux bras levés et deux figures s’embrassant, ne se retrouve pas dans le grand tableau. Vingt ans plus tard, le peintre expliqua qu’il avait voulu représenter l’héroïne Théroigne de Méricourt (1762-1817), à la tête du cortège venu à Versailles pour en ramener la famille royale le 5 octobre 1789. « Dans mon tableau, ils [les enrôlés] portent la liberté au monde, la vérité me sert dans Theroigne [sic] de Méricourt, placée sur l’avant-train d’un canon, vêtue comme leur idole et traînée par tout un peuple ». Que veut dire « la vérité me sert dans Théroigne de Méricourt » ? Le sens de ce propos reste obscur. On comprend que cette figure féminine, dont l’identification à Théroigne de Méricourt est peut-être venue à Couture en cours de réalisation ou à la suite des événements de 1848, incarne la Liberté si l’on en croit le début de sa phrase. Ce personnage, placé ici en position centrale, fut abandonné dans la composition finale : il fut remplacé par un enrôlé portant un grand drapeau français.
Outre la vivacité de son dessin, cette esquisse présente une polychromie particulièrement séduisante et forte au plan symbolique, puisque dans un camaïeu de bruns, Couture introduit une ponctuation bleu-blanc-rouge avec la figure de la Liberté.
Un second projet d’ensemble pour l’Enrôlement des volontaires est conservé au Museum of Fine Arts de Springfield. Les collections du château de Compiègne conservent également de nombreuses études dessinées pour cette composition.

Auteur du commentaire : Laure Chabanne

1. Arsène Houssaye, « République des arts et des lettres », L’Artiste, 27 février-6 mars 1848, p. 258. Nous remercions vivement Thierry Cazaux pour l’aide apportée dans la rédaction de cette notice.
Bibliographie
Expositions
Index

Genre :
Peinture d’histoirePeinture allégorique
Esquisses

Index des personnes représentées :
Anne Josèphe Théroigne de Méricourt (Marcourt, 1762 – Paris, 1817)

Index iconographique :
Aile ; canon ; cheval ; femme ; foule ; homme

Cette œuvre appartient à l’ensemble :
Thomas Couture

Copyrights

Étapes de publication :
2020-06-15, publication initiale de la notice rédigée par Laure Chabanne

Pour citer cet article :
Laure Chabanne, L’Enrôlement des Volontaires. Esquisse, dans Catalogue des peintures du château de Compiègne, mis en ligne le 2020-06-15
https://www.compiegne-peintures.fr/notice/notice.php?id=379

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