Oiseaux exotiques au bord d’une rivière

François Desportes (1661-1743)

Entré au château de Compiègne le 24 novembre 1827 ; corridor des Ministres, appartement n^o 152, salon en 1837 ; appartement n^o 153, cabinet en 1841 ; idem en 1846 ; idem en 1847 ; idem en 1848 ; appartements des Princes et des Princesses, appartement C, salle à manger en 1850 ; appartement 30 en 1856 ; deuxième annexe de la galerie Natoire en 1893 ; idem en 1894.

Catalogués comme Anonyme puis considérés un temps comme un original de Nicasius Bernaerts (1620-1678), ces Oiseaux reviennent sans conteste à François Desportes, le meilleur élève de ce peintre anversois reçu à l’Académie royale de peinture en janvier 1665 « sur le talent des animaux ». Le casoar fait partie de ces animaux qui, comme le rhinocéros ou la girafe, ont suscité la plus vive curiosité parmi les artistes, d’autant plus qu’il n’a ni ailes, ni queue, ni langue et ne vole pas. Découvert par les explorateurs hollandais à la fin du xvi^e siècle en Indonésie et introduit en Europe en 1571, le casoar parvient en France en 1671 à la ménagerie de Versailles par l’intermédiaire du gouverneur des îles de Madagascar et de la Réunion, François de Lopis, marquis de Mondevergue. Comme le rappelle Xavier Salmon dans le catalogue Collections des ducs de Mecklembourg-Schwerin. Animaux d’Oudry ¹Fermer1. Xavier Salmon, Animaux d’Oudry, Collections des ducs de Mecklembourg-Schwerin [cat. exp. musée national du château de Fontainebleau, 5 novembre 2003 – 9 février 2004 ; musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, 5 novembre 2003 – 8 février 2004], Paris, Réunion des musées nationaux, 2003., Pieter Boel (1626-1674) s’empare de cette nouvelle iconographie pour des cartons de tapisserie (tenture des Mois ou des Maisons royales) et Oudry en 1745 représente cet oiseau dans une peinture commandée pour le jardin botanique de Louis XV conservée dans les collections de Schwerin. Desportes lui-même était aussi un spécialiste des animaux exotiques. En 1743, il avait peint au château de Choisy deux dessus-de-porte représentant des « oiseaux rares et singuliers des Indes sur un fond de paysage ». Parmi ces tableaux figure Le Casoar, entouré d’autres volatiles, conservé au Muséum d’Histoire naturelle de Paris²Fermer2. Paris, Museum national d’Histoire naturelle, INV. 519. Voir Xavier Salmon, Versailles : les chasses exotiques de Louis XV [cat. exp. Amiens, musée de Picardie, 14 octobre 1995 – 14 janvier 1996 ; Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, 15 février – 12 mai 1996], Paris, Réunion des musées nationaux, 1995, p. 168, fig. 5.. Le tableau de Compiègne présente quelques variantes : si le casoar occupe la même position dominante, les hérons placés à ses côtés et en arrière ont disparu ; à leur place, une sorte d’oie et surtout une grue couronnée (oiseau royal par excellence) qui semble superviser la scène ; en ce qui concerne le paysage, on peut noter la présence de conifères remplaçant deux palmiers sur une rive. La même grue couronnée va à nouveau figurer, dans la même attitude conquérante, dans un Paysage oriental attribué à Christophe Huet (1743, Paris, Archives nationales) et dans le tableau Demoiselle de Numidie, toucan et grue couronnée³Fermer3. Xavier Salmon, Animaux d’Oudry, Collections des ducs de Mecklembourg-Schwerin [cat. exp. musée national du château de Fontainebleau, 5 novembre 2003 – 9 février 2004 ; musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, 5 novembre 2003 – 8 février 2004], Paris, Réunion des musées nationaux, 2003, n^o 75.. Il faudrait également mentionner les tableaux que Bachelier réalise en 1760 à Choisy pour le salon de compagnie de l’appartement du Roi sur le thème des quatre saisons symbolisées par des oiseaux.

Auteur du commentaire : Jacques Kuhnmunch