Le Prince impérial en buste

Charles Porion (Amiens, 1814 – ?, 1905?)

Ce portrait en buste du Prince impérial adolescent le représente en uniforme de général français, portant les insignes de grand-croix de la Légion d’honneur et la médaille militaire. Il peut être mis en relation avec une composition anonyme connue par une reproduction photographique (C.54.234/27) et où il apparaît à cheval, vêtu de même, passant des troupes en revue près de l’Arc de Triomphe à Paris. Cette iconographie est évidemment sans lien avec un événement réel, puisque le prince se trouvait en exil en Angleterre à cette période de sa vie. Le choix d’une telle mise en scène faisait référence à un moment fondateur du Second Empire, l’entrée de Napoléon III à Paris en décembre 1852, immortalisée par un des premiers portraits équestres de l’empereur, dû à Charles Louis Lucien Müller (Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon, MV 6557 ; Claire Constans, Musée national du château de Versailles. Les peintures, Paris, Réunion des musées nationaux, 1995, n^o 3753 p. 666, repr.). La pose du cavalier et de sa monture dérive de ce tableau alors célèbre – seul le mouvement donné aux pattes du cheval diffère -, tandis qu’une photographie de la tête de l’héritier a simplement été collée en lieu et place de celle de son père. Hormis cette tête, il semble que l’image reproduite soit une lithographie, et non une peinture. Porion en était-il l’auteur ? Cela est vraisemblable. Dans l’une des esquisses préparatoires (MMPO 707) exécutées par l’artiste pour un portrait équestre du Prince impérial peint deux ans plus tard, les antérieurs du cheval adoptent la même position, détail modifié dans l’œuvre finale (voir C.38.3451). Avec cette seconde composition, le peintre créa une effigie plus originale du jeune homme, le représentant en civil, tandis que, dans la première, il endossait littéralement les habits de Napoléon III. On connaît toutefois une version en ovale de ce portrait en buste où le prince est en habit (vente de la collection Christopher Forbes, Fontainebleau, Osenat, 6 mars 2016, n^o 302), peut-être une œuvre intermédiaire dans la réflexion de Porion (et de l’impératrice et de son entourage ?) sur l’image à donner du jeune héritier.

Auteur du commentaire : Laure Chabanne