Brouette chargée de légumes
Thomas Couture (Senlis, 1815 – Villiers-le-Bel, 1879)
Brouette chargée de légumes
Thomas Couture (Senlis, 1815 – Villiers-le-Bel, 1879)
xixe siècle
Huile sur toile
H. 0,50 ; L. 0,60 m
C.71.011
M.m. : T.C.
Inventaire après décès de Thomas Couture, 12 mai 1879, no 126. Attribué à Jeanne Couture par le partage du 2 juin 1887 (« Une brouette »). Camille Grodet-Moatti, sa fille. Don avec réserve d’usufruit en 1971. Entré au château de Compiègne le 19 août 1976.
Accompagnée d’une pelle, d’un râteau et d’arrosoirs, une brouette contenant notamment un seau, des choux et des bottes d’asperges trône fièrement au centre de cette composition. Elle se détache devant un pan de mur au pied duquel se trouve un tas de fumier. Couture livre un véritable portrait de ce pittoresque outil aux multiples usages. Il l’a également représenté vers 1875 sous un angle différent au premier plan d’une composition mettant en scène un étameur ambulant (L’Étameur, Reims, musée des Beaux-Arts). La brouette, presque vide, s’y trouve placée devant le même long mur percé d’une porte étroite. Couture lui a consacré un dessin préparatoire conservé à Compiègne (C.52.011/112). Peut-être l’étude isolée de ce motif lui donna-t-elle l’idée d’en faire un sujet à part entière et le support original d’une nature morte de légumes.
Cette inspiration maraîchère tranche avec l’œuvre de Couture peintre d’histoire et de figures. Comme les paysages et d’autres scènes de genre peintes à la même époque, telle Chats au coin du feu (voir C.64.023), elle s’enracine dans la vie retirée qu’il mena à Villiers-le-Bel à partir de 1869. À rebours de l’ironie grinçante qui caractérise La Noblesse (voir C.53.030) ou Le Roi de l’époque (voir C.53.034), également exécutés à cette période, l’artiste y porte un regard familier et presque tendre sur son environnement. Lors de l’exposition posthume qui fut organisée en mémoire de Couture en 1880, un journaliste laissa entendre qu’il avait peint ce type de tableaux pour le marché américain : « Les visiteurs l’ont bien des fois trouvé installé près d’une réunion d’objets fraîchement arrivés de La Halle, et qui lui servaient à exécuter des toiles rapidement brossées, destinées à orner les salles à manger du Nouveau Monde11. « Les on-dit », Le Rappel, 3 septembre 1880.. » Celui-ci est cependant resté dans son atelier.
La restauration du tableau en 2015 a permis de retrouver la fraîcheur et la justesse des couleurs employées par le peintre, notamment le vert vif des choux, et la vigueur de sa touche. La truculence et la franchise de cette nature morte laissent transparaître son amour de la peinture flamande. Elles évoquent ce jugement de Théophile Gautier : « Le talent de M. Couture est naturellement trivial – qu’on ne donne à ce mot aucune mauvaise signification – trivial à la façon de Rembrandt, d’André del Sarte, de Jordaens, de L’Espagnolet et de tous les maîtres plus curieux du vrai que du beau, du réel que de l’idéal […]22. Cité par René Jean, « Exposition Thomas Couture (Galerie Levesque et Cie) », Chronique des Arts et de la Curiosité, 19 juillet 1913, p. 203-204, p. 204.. »
Auteur du commentaire : Laure Chabanne
Genre :
Nature morte
Index iconographique :
Asperge ; chou ; jardin
Cette œuvre appartient à l’ensemble :
Thomas Couture
Étapes de publication :
2020-06-15, publication initiale de la notice rédigée par Laure Chabanne
Pour citer cet article :
Laure Chabanne, Brouette chargée de légumes, dans Catalogue des peintures du château de Compiègne, mis en ligne le 2020-06-15
https://www.compiegne-peintures.fr/notice/notice.php?id=405