Étude pour la figure de La Noblesse héréditaire
Thomas Couture (Senlis, 1815 – Villiers-le-Bel, 1879)
Étude pour la figure de La Noblesse héréditaire
Thomas Couture (Senlis, 1815 – Villiers-le-Bel, 1879)
xixe siècle
Huile sur toile
H. 0,65 ; L. 0,54 m
C.53.030
M.b.g. : T.C.
Indivision Couture, état du 16 février 1884, no 127 (« Étude pour la figure de La Noblesse »). Jeanne Couture, épouse Grodet, fille de l’artiste. Georges Bertauts-Couture. Don en 1953. Comité du 30 avril 1953. Conseil du 7 mai 1953. Entré au château de Compiègne le 25 juin 1953. Arrêté de dépôt au musée d’Art et d’Archéologie de Senlis en 2008. Dépôt effectif en juillet 2013.
Couture travailla de 1867 environ à 1876 à un tableau intitulé Allégorie de la noblesse héréditaire, dit également La Noblesse héréditaire, et conservé au musée d’Art et d’Archéologie de Senlis. Le Roi de l’Époque (voir C.53.034), incarnation du bourgeois parvenu et stupide, devait lui faire pendant.
Dans la partie supérieure de la toile, l’artiste a inscrit cette sentence : « NOBLESSE HEREDITAIRE TON PRESTIGE TE SOUMET LES HOMMES QUI/ METTENT A TES PIEDS LES FRUITS DE LA TERRE/ ET DE LEUR INDUSTRIE/ TOI NOBLESSE, TU LES PAYES DE TES/ MEPRIS ET JE T’APPROUVE CAR JE/ PREFERE ENCORE TON INSOLENCE/ A LEUR/ BASSESSE. » Aux pieds du trône de la Noblesse se pressent divers personnages représentant le peuple, dont seuls les bras sont visibles. Sur la gauche, des mains chargées de menottes tendent vers elle une plume, une statuette, un maillet et des pinceaux, attributs du poète, du peintre et du sculpteur. Cette allusion à l’asservissement des artistes n’a rien d’étonnant chez Couture, bien qu’il eût bénéficié d’importantes commandes officielles sous le Second Empire. Pierre Vaisse a défendu l’hypothèse qu’il était, en raison de ses origines modestes, « douloureusement obsédé par le scandale des inégalités sociales », par la domination de la force et de l’argent11. Pierre Vaisse, « Couture et le Second Empire », La Revue de l’art, no 37, 1977, p. 43-68, p. 61.. De cette blessure personnelle auraient découlé sa haine de la bourgeoisie et son attitude ambiguë à l’égard du pouvoir et de la noblesse. Défendant la liberté du créateur, Couture estimait sans aucun doute appartenir à une forme d’aristocratie déterminée par le don artistique. L’orgueil décrit comme l’un des traits dominants de son caractère peut être considéré comme un symptôme de l’évolution de la figure de l’artiste au xixe siècle telle que l’a analysée Nathalie Heinich22. Nathalie Heinich, L’Élite artiste. Excellence et singularité en régime démocratique, Paris, Gallimard, 2005..
Le château de Compiègne conserve une autre esquisse peinte de La Noblesse héréditaire (voir C.64.032) et plusieurs dessins d’ensemble (par exemple, C.52.011/74) pour cette composition, qui témoignent de l’évolution de la pensée du peintre. Dans les collections figure également un croquis pour la Noblesse très proche de cette esquisse (C.71.280). Diverses études peintes (voir C.53.027, C.53.028, C.53.029, C.71.005) complètent ce groupe d’œuvres provenant du fonds d’atelier de Couture. L’ensemble des tableaux relatifs à La Noblesse a été déposé au musée d’Art et d’Archéologie de Senlis, afin qu’ils puissent être exposés à proximité de la grande composition inachevée. Les collections senlisiennes comportent également deux études dessinées de Couture pour la figure de la Noblesse (A.00.5.554 ; A.00.5.555).
Auteur du commentaire : Laure Chabanne
Genre :
Études, études préparatoires
Index iconographique :
Drapé ; femme
Cette œuvre appartient à l’ensemble :
Thomas Couture
Étapes de publication :
2020-06-15, publication initiale de la notice rédigée par Laure Chabanne
Pour citer cet article :
Laure Chabanne, Étude pour la figure de La Noblesse héréditaire, dans Catalogue des peintures du château de Compiègne, mis en ligne le 2020-06-15
https://www.compiegne-peintures.fr/notice/notice.php?id=389