Jacques Kuhnmunch, Laure Chabanne & Étienne Guibert
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Jeune Italienne
Thomas Couture (Senlis, 1815 – Villiers-le-Bel, 1879)

Illustration de comparaison
Anselm Feuerbach (attr. à), Étude de jeune Italienne, huile sur bois, Brême, Kunsthalle.
Inscription

M.m.d. : T.C.

Historique

Inventaire après décès de Couture, 12 mai 1879, no 115 (Deux têtes de petites Italiennes prisées ensemble mille francs) ; indivision Couture, état du 16 février 1884, no 188 (« Figure de jeune Italienne, vue jusqu’aux épaules »). Attribué à Berthe Couture, épouse Bertauts, fille de l’artiste, par le partage du 2 juin 1887 (« Une tête d’Italienne inscrite sous le no 188. »). Georges Bertauts-Couture. Don avec réserve d’usufruit le 30 juin 1953. Arrêté du 7 octobre 1963. Entré au château de Compiègne le 11 mai 1964. En dépôt au musée de Senlis depuis le 2 juin 1967. Arrêté du 20 février 1967.

Commentaire

Cette Jeune Italienne semble être une étude préparatoire poussée pour un tableau monogrammé « T.C. » et non daté, conservé au Bristol Museum and Art Gallery (huile sur toile, H. 0,496 ; L. 0,407, INV. K2882). Il pourrait aussi s’agir de l’ébauche d’une seconde version de cette toile.
Les deux œuvres furent sans doute exécutées à peu d’intervalle. Elles ont été mises en relation avec le passage attesté d’une troupe de pifferari calabrais vers 1876-1877 à Villiers-le-Bel où Thomas Couture résidait. La liberté de facture de notre étude semble corroborer cette datation tardive. Selon Bénédicte Pradié-Ottinger (2003), la manière dont Couture traite ce sujet maintes fois abordé par la peinture du xixe siècle « témoigne de son abandon à l’égard de la société établie et de la conquête d’une liberté picturale ».
D’autres éléments laissent cependant à penser que cette composition fut conçue à un autre moment. D’une part, la jeune Italienne pourrait être Berthe Couture, fille aînée de l’artiste. C’est du moins ce qu’indique une annotation manuscrite portée par Camille Grodet-Moatti sur un exemplaire du catalogue de l’exposition consacrée à Couture à Paris en 1913 (château de Compiègne, fonds Grodet-Moatti). Au no 70, elle a précisé : « Ma tante dont le fils a donné toutes les toiles aux Beaux-Arts », faisant allusion à Berthe Bertauts-Couture et à son fils Georges. Berthe étant née en 1860, cette étude pourrait dans ce cas avoir été peinte au début des années 1870. L’identification est vraisemblable, d’autant que le tableau lui fut attribué lors du partage réalisé en 1887 entre les sœurs Couture, partage qui concerna surtout du mobilier, des souvenirs et des œuvres ayant une valeur sentimentale pour les deux jeunes femmes.
L’attribution d’un petit tableau en camaïeu de rouges conservé à la Kunsthalle de Brême, Étude de jeune Italienne11. Huile sur bois, H. 0,46 ; L. 0,375. Voir Gerhard Gerkens, Ursula Heiderich, Katalog der Gemälde des 19. und 20. Jahrhunderts in der Kunsthalle Bremen, Bremen, Kunstverein Bremen, 1973, Italienisches Mädchen (Studie), p. 102, fig. 217, est également susceptible de remettre en cause la datation de notre étude. Donné au peintre allemand Anselm Feuerbach (Spire, 1829 – Venise, 1880), qui fut l’élève de Couture, il représente la même jeune fille. Ses traits, sa pose et son costume sont identiques. Elle porte des boucles d’oreilles à anneaux, et non des pendants. Comme dans le tableau de Bristol, une croix est suspendue à son collier de corail, détail absent de notre étude. Il est évident qu’il s’agit d’une troisième version de la Jeune Italienne, d’autant qu’elle est de format pratiquement identique à la toile de Compiègne. La parenté étroite des deux tableaux a été confirmée par leur réunion en 2015-2016 au musée d’Art et d’Archéologie de Senlis, à l’occasion de l’exposition « Thomas Couture (1815-1879). Méthodes et entretiens d’atelier ». Si la toile de Brême est bien de la main de Feuerbach, elle n’a pu être exécutée qu’au début des années 1850, à l’époque où celui-ci étudiait dans l’atelier de Couture. Ceci remettrait en question la datation des deux autres peintures et l’identification de la jeune fille représentée avec Berthe Couture. Il pourrait également avoir existé une version « mère » de ce portrait exécutée avant 1854 et copiée par Feuerbach, mais cela paraît peu plausible : Couture n’aurait pu conserver une telle fraîcheur d’impression en peignant d’après l’un de ses tableaux plus de vingt ans après sa rencontre avec le modèle. Il est plus tentant de remettre en cause l’attribution du tableau de Brême, qu’aucun indice ne corrobore à notre connaissance de manière décisive. L’exécution de différentes versions d’un même sujet était une pratique courante chez Couture. Une « Tête de jeune Italienne (ébauche) », de dimensions sensiblement identiques (H. 0,46 ; L. 0,38), fut présentée dans sa rétrospective posthume en 1880, no 196, et figure sous ce même numéro dans l’inventaire de l’indivision Couture établi en 1884. Son sujet était le même que celui de notre étude puisque les deux œuvres avaient été prisées ensemble en 1879 dans l’inventaire après décès de l’artiste. Il pourrait s’agir du tableau actuellement attribué à Feuerbach22.  Pour leur éclairage sur les « Italiennes » de Thomas Couture, nous remercions Marie-Bénédicte Astier-Dumarteau, conservatrice des musées de Senlis, Dorothee Hansen, directrice adjointe de la Kunsthalle de Brême, et Thierry Cazaux, qui achève le catalogue raisonné de l’œuvre du peintre entrepris par notre regrettée collègue Bénédicte Pradié-Ottinger, ancienne conservatrice en chef des musées de Senlis..

Auteur du commentaire : Laure Chabanne

1. Huile sur bois, H. 0,46 ; L. 0,375. Voir Gerhard Gerkens, Ursula Heiderich, Katalog der Gemälde des 19. und 20. Jahrhunderts in der Kunsthalle Bremen, Bremen, Kunstverein Bremen, 1973, Italienisches Mädchen (Studie), p. 102, fig. 217
2.  Pour leur éclairage sur les « Italiennes » de Thomas Couture, nous remercions Marie-Bénédicte Astier-Dumarteau, conservatrice des musées de Senlis, Dorothee Hansen, directrice adjointe de la Kunsthalle de Brême, et Thierry Cazaux, qui achève le catalogue raisonné de l’œuvre du peintre entrepris par notre regrettée collègue Bénédicte Pradié-Ottinger, ancienne conservatrice en chef des musées de Senlis.
Bibliographie
Index

Genre :
Portraiten buste
Études, études préparatoires

Index iconographique :
Enfant

Cette œuvre appartient à l’ensemble :
Thomas Couture

Copyrights

Étapes de publication :
2020-06-15, publication initiale de la notice rédigée par Laure Chabanne

Pour citer cet article :
Laure Chabanne, Jeune Italienne, dans Catalogue des peintures du château de Compiègne, mis en ligne le 2020-06-15
https://www.compiegne-peintures.fr/notice/notice.php?id=394

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