« Dame agenouillée [madame Bruat] », étude pour Le Baptême du Prince impérial

Thomas Couture (Senlis, 1815 – Villiers-le-Bel, 1879)

Autrefois répertoriée comme Portrait de la grande-duchesse Stéphanie de Bade ou comme Madame de Sancy-Parabère, cette toile est une étude pour la gouvernante des Enfants de France, Madame Bruat, qui eut l’honneur de tenir le Prince impérial pendant la cérémonie et de le présenter au cardinal légat. Il s’agit sans aucun doute d’une des figurines les plus brillantes parmi celles exécutées par Thomas Couture pour préparer sa monumentale composition. L’artiste l’a brossée, comme à son habitude, sur une toile de remploi, et n’a pas pris la peine de recouvrir la composition sous-jacente. La figure s’enlève en blanc et bleu sur le fond sombre, l’artiste conjuguant jus, frottis et effets de matière pour indiquer les volumes de la toilette. Quelques touches rapides et discontinues suffisent à suggérer le drapé de la traîne. L’attitude de Madame Bruat demeura inchangée dans la version définitive, mais Couture envisagea vraisemblablement de donner une couleur différente au manteau de cour, ceux de l’impératrice et de la grande-duchesse Stéphanie devant également être bleus. En complément de cette figurine, le peintre exécuta une étude de tête (voir C.50.069), comme pour d’autres personnages du Baptême.
L’académie d’homme assis en partie lisible, tête-bêche, dans la partie gauche du tableau, a été attribuée à Édouard Manet (1832-1883), élève de Thomas Couture entre 1849 et 1856, en raison d’une signature portée au revers. Cette hypothèse est plausible. Toutefois, le tracé d’un pied se distingue clairement dans l’angle inférieur droit, indication d’une composition plus ancienne encore sur laquelle le nu a été peint. L’examen de la toile dans l’infrarouge dans le cadre d’une étude menée par le C2RMF en 2006 a confirmé la présence d’une ébauche de jambe dans le sens de la hauteur.

Le département des Arts graphiques du musée du Louvre conserve trois études au fusain rehaussées de blanc sur papier gris pour la traîne, le corsage et la jupe ornée de volants de dentelle de madame Bruat (R.F. 24220, 24221 et 24222).

Auteur du commentaire : Laure Chabanne