« Un membre de la suite du légat pontifical [don Pietro Nardi] », étude pour Le Baptême…

Thomas Couture (Senlis, 1815 – Villiers-le-Bel, 1879)

Indivision Couture, état du 16 février 1884, n^o 82 (« Prêtre debout les mains jointes. Étude pour le tableau Le Baptême du Prince impérial. »). Famille Couture. Don famille Couture au musée de Senlis. Dépôt du musée de Senlis en 1967. Entré au château de Compiègne le 6 juillet 1967.

Cette étude appartient à la série des figurines exécutées par Thomas Couture pour Le Baptême du Prince impérial. Par sa mise en page et son économie de moyens, elle est tout à fait comparable à celles conservées pour Napoléon III (voir C.50.064) ou d’autres membres du clergé (voir C.50.066, C.50.067, C.50.068), mais elle ne correspond à première vue à aucun des personnages de la composition. Toutefois, l’ecclésiastique ici représenté est celui qui se tient derrière le fauteuil du cardinal légat, une main posée sur le dossier, car on reconnaît ses traits et ses cheveux grisonnants dépassant sous sa calotte. Sur une étude passée sur le marché de l’art et le figurant en buste dans la même attitude,Thomas Couture a indiqué son nom : don Pietro Nardi. Notre tableau le montre dans une autre position, de trois quarts, les mains jointes, dans une attitude très conventionnelle. En outre, la manière dont il est habillé n’est pas appropriée à une célébration liturgique. Ces éléments sembleraient indiquer que cette figurine a été peinte d’après nature, à la différence des autres. Elle peut aussi témoigner d’une première idée abandonnée par l’artiste. En tout cas, les différents croquis connus pour la mise en place du groupe entourant le cardinal légat (voir C.50.066) montrent que Couture avait prévu de placer les membres du clergé en rang derrière son siège et qu’il assouplit la pose de ce personnage afin de donner plus de fluidité à l’ensemble.
Une communication de Bernard Berthod sur la tenue de cet ecclésiastique, considéré jusqu’ici comme un prêtre de Notre-Dame, a permis d’infirmer cette identification et d’en proposer une nouvelle. En effet, dans l’étude, il est vêtu d’une soutane noire avec une ceinture nouée et le ferraiolo romain noir, grand manteau de soie à col plat. Il arbore en outre une croix pectorale soutenue par une chaîne de métal doré. Selon Bernard Berthod, ceci indique qu’il ne s’agit pas d’un clerc français, car il ne porte pas le rabat, mais d’un évêque « romain », vêtu de l’abito piano (habit de Pie) institué par Pie IX en 1851 et rarement porté par les évêques et prélats français à cette époque. C’est donc un membre de la suite du cardinal légat. Bernard Berthod estime qu’il pourrait s’agir du sacriste des sacrés palais, qui est un évêque régulier, ermite de Saint-Augustin et évêque titulaire de Porphyre, donc toujours habillé de noir, la couleur de son ordre. Le fait qu’il soit revêtu dans le grand tableau de la cotta, sorte de court surplis en usage à la cour de Rome, semble confirmer cette hypothèse, car les réguliers n’ont pas droit au rochet.
Comme l’a révélé l’examen scientifique conduit en 2015 par le C2RMF sur ce tableau, cette figurine a été exécutée sur une composition précédente difficilement identifiable, vraisemblablement une étude de drapé, que l’artiste a recouverte d’une couche brune.

Auteur du commentaire : Laure Chabanne