Jacques Kuhnmunch, Laure Chabanne & Étienne Guibert
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Madame Ducos
Franz Xaver Winterhalter (Menzenschwand, 1805 – Francfort, 1873)

Inscription

S.D.b.g. : fr Winterhalter / 1856

Historique

Comte Ducos (fils) à l’abbaye de Septfontaines (Haute-Marne). Légué au département de la Haute-Marne en 1913 au moment du décès du comte. Vendu par suite de non-exécution des clauses du legs le 21 juin 1965. Acquis par préemption à cette vente. Comité du 17 juin 1965. Conseil du 23 juin 1965. Arrêté du 12 juillet 1965. Entré au château de Compiègne le 12 juillet 1965.

Commentaire

Anne Joly (1819-1898) était d’une origine fort modeste – elle avait connu l’Assistance publique – et dut sa fortune et sa position à Théodore Ducos (1801-1855), dont elle fut d’abord la maîtresse et dont elle eut deux enfants, avant de l’épouser en 1851. Ancien député de Bordeaux sous la monarchie de Juillet, ce dernier fut un ministre de la Marine remarquablement actif, hâtant notamment la transformation de la marine à voile en marine à vapeur. Il mourut lors de la guerre de Crimée, le 18 avril 1855, en coordonnant depuis Paris le déploiement de la flotte.

Ce fut en 1856, un an seulement après sa mort, que madame Ducos passa commande à Winterhalter. Ce portrait plein d’assurance, en toilette de demi-deuil, affirmait le rang qu’elle voulait de maintenir dans le Tout-Paris. C’est également à cette époque que se serait déroulée l’anecdote narrée par madame Carette dans ses Souvenirs, selon laquelle Anne Ducos aurait réclamé à l’impératrice l’honneur d’être la nourrice du Prince impérial, né le 16 mars 1856. Cette historiette semble vraisemblablement erronée, puisqu’elle n’avait pas alors d’enfants en bas âge, mais elle témoigne des ambitions affichées par la plantureuse madame Ducos à la cour.

Par ses largesses envers l’Église, e lle acquit également une réputation de grande charité, ainsi qu’un titre de comte pour son fils, octroyé par bref pontifical. Ainsi put-elle se parer indûment pour la postérité du titre de comtesse Ducos.

Ce portrait illustre bien les qualités qui firent de Winterhalter l’un des portraitistes favoris du Tout-Paris sous le Second Empire. Au prestige acquis par le peintre au service de Louis-Philippe, de la reine Victoria ou de l’impératrice Eugénie s’ajoutaient la virtuosité de sa facture, son habileté à saisir la ressemblance de ses modèles et son art de les embellir. Si madame Ducos ne comptait pas parmi les plus jolies femmes de son temps, il sut la mettre en valeur en jouant sur l’éclairage subtil des carnations et sur la légèreté de la touche. La commanditaire fut très satisfaite de son portrait puisqu’il fut exposé au Salon de 1857 et que son identité fut indiquée dans le livret. La toile a conservé son riche et imposant cadre néo-rocaille en bois doré, autre indice de son statut d’objet de distinction sociale.

Auteur du commentaire : Laure Chabanne

Index

Genre :
Portraitmi-corps

Index des personnes représentées :
Anne Joly, madame Théodore Ducos (1819-1898)

Index iconographique :
Femme ; robe

Cette œuvre appartient aux ensembles :
Franz Xaver Winterhalter
Les portraits des musées du Second Empire

Copyrights

Étapes de publication :
2020-06-15, publication initiale de la notice rédigée par Laure Chabanne

Pour citer cet article :
Laure Chabanne, Madame Ducos, dans Catalogue des peintures du château de Compiègne, mis en ligne le 2020-06-15
https://www.compiegne-peintures.fr/notice/notice.php?id=614

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