Revue passée à Longchamp, 6 juin 1867

Ernst Meister (Coblence, 1832 – Cologne, 1904)

À l’occasion de l’Exposition universelle de 1867, de nombreux souverains étrangers se rendirent en visite officielle à Paris. L’un des temps forts fut la venue simultanée début juin du tsar Alexandre II et du roi de Prusse, Guillaume I^er. Une grande revue fut organisée le 6 juin à Longchamp, à laquelle les deux souverains furent conviés par Napoléon III. Cinquante mille soldats avaient été rassemblés pour l’occasion. Cette démonstration de puissance militaire se termina par un incident tragique : alors que Napoléon III repartait avec Alexandre II et ses deux fils en voiture découverte, un jeune Polonais, Antoine Berezowski, tenta d’assassiner le tsar à coup de pistolet.

Cette œuvre peut être rapprochée du tableau de Charles Porion qui représente les différents souverains venus en visite officielle à Paris en 1867 (voir MMPO 1792). Comme Porion, Meister a concentré l’attention sur les portraits équestres des trois souverains (de gauche à droite, Guillaume I^er, Napoléon III et Alexandre II). À l’arrière-plan, on reconnaît des personnalités de leurs suites respectives, juxtaposées de manière assez maladroite, notamment le prince héritier de Prusse et Otto von Bismarck (sur la gauche), puis, dans le fond à gauche, les troupes alignées devant la tribune aménagée pour la revue.
Artiste d’origine allemande, Ernst Meister exécuta ce tableau sans en avoir reçu formellement la commande. Il y fut peut-être poussé par le général Fleury, grand écuyer, qui lui fournit des chevaux pour modèles. Meister adressa une supplique à Napoléon III, arguant de sa pauvreté, mais il peina à faire acquérir son œuvre par l’administration impériale qui la trouvait visiblement médiocre. Il obtint cependant gain de cause grâce à l’appui de Fleury auprès de Napoléon III¹Fermer1. Voir le dossier de correspondance administrative rassemblé dans le dossier d’œuvre (sans indication de la provenance), documentation du château de Compiègne..
Carpeaux a également laissé un témoignage de la rencontre des trois souverains (voir R.F. 2322).

Auteur du commentaire : Laure Chabanne