Quiqui Charlotte

Alexis Joseph Mazerolle (Paris, 1826 – Paris, 1889)

Élève de Charles Gleyre, Alexis Joseph Mazerolle se fit sous le Second Empire une réputation comme peintre d’histoire et comme décorateur. Il donna notamment les cartons des tapisseries qui furent tissées aux Gobelins pour orner la rotonde du Glacier du nouvel opéra construit par Charles Garnier.
Ce charmant petit tableau qui date du début de sa carrière met en scène une fillette qui se dresse sur la pointe des pieds pour montrer à un oiseau les fleurs qu’elle a cueillies, soulevant sa robe pour en faire un panier. Des branchages forment autour d’elle un étrange arceau de verdure sommé d’une inscription : « Quiqui Charlotte ». Cette expression évoque un mot d’enfant ou un surnom affectueux : au xix^e siècle, « faire quiqui » ou « faire des quiquis » signifiait faire des caresses ou des chatouilles. Au premier plan, une poupée et un sucre d’orge complètent ce portrait plein de grâce et de poésie. Les membres potelés de l’enfant contrastent avec le profil grêle des ramures dont les enroulements anguleux évoquent la ferronnerie et l’art japonais. Mazerolle livre ici une étude décorative d’après des éléments végétaux qui revêt un caractère précurseur. Elle rappelle les travaux contemporains de stylisation de la plante menés par Pierre-Victor Galland, autre grand décorateur du Second Empire et de la Troisième République, et semble annoncer la ligne « coup de fouet » Art nouveau et les fantaisies japonisantes d’Hector Guimard.

Auteur du commentaire : Laure Chabanne