L’Impératrice Eugénie à Biarritz
Émile Defonds (actif à Paris sous le Second Empire)
L’Impératrice Eugénie à Biarritz
Émile Defonds (actif à Paris sous le Second Empire)
1858
Huile sur toile
H. 0,54 ; L. 0,65 m
C.48.029
S.D.b.g. : E. Defonds / Biarritz 1858
M. Demonencq. Jacques Robiquet. Acquis de ce dernier par les musées nationaux en 1947. Arrêté du 28 janvier 1948. Entré au château de Compiègne le 18 février 1948.
Ce petit portrait figure l’impératrice Eugénie assise sur un rocher, en tenue d’amazone, un lévrier à ses pieds. Interrompant sa promenade à cheval, elle a posé son chapeau et sa cravache pour contempler un instant le tumulte de l’océan. Une trouée de lumière dans le ciel orageux vient éclairer son profil pensif. Au loin, sur la droite, on aperçoit le phare de la pointe Saint-Martin, la plage du Miramar et la silhouette massive de la villa Eugénie construite pour elle en 1854-1855 par Napoléon III. C’est moins la souveraine que la femme au caractère romantique et passionné qui est ici mise en scène, la sportive aimant l’équitation, la natation et le yachting, l’Espagnole aussi, qui venait retrouver chaque année à Biarritz sur la côte basque l’atmosphère ibérique chère à son cœur.
Cette composition originale datée de 1858 fut sans doute directement inspirée d’une photographie. L’attitude adoptée, le menton appuyé sur la main, était de celles adoptées par les modèles pour éviter de bouger, car la technique photographique, encore à ses débuts, nécessitait de longs temps de pose. Les renseignements disponibles concernant le peintre confirment cette hypothèse. Il s’agit en effet très certainement de Louis Émile Pigelet Defonds, dit Defonds, photographe à Paris, 34 rue Vivienne, vers 1853, puis à différentes adresses jusqu’en 1880, et qui se faisait appeler en 1860 « peintre photographe de S.M. la reine d’Espagne, de la Maison de l’Empereur, de S.A.I. le Grand-Duc Constantin, de Son Excellence Vely Pacha, des Grands Dignitaires d’Autriche et d’Angleterre11. Voir Jean-Marie Voignier, Répertoire des photographes de France au dix-neuvième siècle, Chevilly-la-Rue, Le Pont de pierre, 1993, notices « Defonds » et « Appert ». ». Émile Defonds publia le 17 avril 1859 dans la revue L’Artiste un article intitulé « La Photographie au point de vue de l’art » (p. 250-251), où il insistait particulièrement sur l’apport de la photographie à l’art du portrait. Il vantait également la supériorité de la peinture à l’huile sur l’aquarelle pour la coloration des épreuves photographiques. Notre tableau n’est pas toutefois une épreuve photographique retouchée à l’huile, mais une véritable peinture sur toile. Comme l’a remarqué D. Lobstein, un dénommé Defonds exposa en 1853 et en 1859 au Salon comme élève de Charles Gleyre et de Jean-Baptiste Ange Tissier. Or Tissier était essentiellement connu comme auteur de scènes et de portraits officiels, notamment d’une copie d’un portrait de l’impératrice d’après Winterhalter (voir Fp S 1 1857 no 11). La robe de velours rouge évoque d’ailleurs celle portée par Eugénie dans un portrait de Winterhalter exposé l’année précédente au Salon (voir MMPO 205). On sait que l’empereur aimait voir son épouse vêtue de rouge, une couleur associée à la symbolique impériale et qu’elle avait portée au soir de leurs noces. S’il est évident que cette composition est fabriquée de toutes pièces, elle offre une image assez peu conventionnelle de l’impératrice, ce qui laisse supposer une commande privée émanant d’elle-même ou d’un de ses proches. Il paraît en tout cas peu probable que l’artiste ait pris l’initiative de la représenter de cette manière.
Auteur du commentaire : Laure Chabanne
Genre :
Portrait → en piedPaysage → CôtierPortrait → assis
Index des personnes représentées :
Eugénie, comtesse de Teba, dite Eugénie de Montijo, impératrice des Français (Grenade, 1826 – Madrid, 1920)
Index iconographique :
Chien ; femme ; mer ; robe ; souveraine
Cette œuvre appartient à l’ensemble :
Les portraits des musées du Second Empire
Étapes de publication :
2020-06-15, publication initiale de la notice rédigée par Laure Chabanne
Pour citer cet article :
Laure Chabanne, L’Impératrice Eugénie à Biarritz, dans Catalogue des peintures du château de Compiègne, mis en ligne le 2020-06-15
https://www.compiegne-peintures.fr/notice/notice.php?id=416