Napoléon III bagnard, portrait-charge

Anonyme (Seconde moitié du xix^e siècle)

Ce portrait-charge montre Napoléon III en bagnard, la pioche sous le bras et le boulet au pied, sur une côte gardée par des soldats. Selon le règlement des bagnes, tout prisonnier était tout d’abord enchaîné pendant trois ans avec un codétenu. Cette première période était celle de la « grande fatigue », pendant laquelle il était soumis à des travaux de force. À l’issue des trois ans, il était attaché à un boulet et pouvait être affecté à des tâches moins harassantes en fonction de ses capacités intellectuelles et de son métier d’origine. Représenté seul avec sa pioche, Napoléon III ferait partie des prisonniers que leur absence de compétence condamnait à poursuivre les travaux forcés¹Fermer1. Nous remercions Carole Gragez pour les précisions qu’elle nous a fournies sur le fonctionnement des bagnes. Elle nous a également fait remarquer la manière curieuse dont sont gréés les navires visibles à l’arrière-plan, ce qui semble indiquer chez l’artiste une méconnaissance du milieu maritime.. Il n’est pas sûr toutefois que l’auteur de cette caricature ait connu dans le détail le fonctionnement des bagnes. Les vêtements que porte l’empereur sont d’ailleurs fantaisistes, hormis le bonnet portant le chiffre romain « III ». Ce détail permet de dater l’œuvre du Second Empire ou de la période qui suivit sa chute. Elle fit sans doute partie des nombreuses caricatures qui fleurirent après le 4 septembre 1870, le peintre rêvant visiblement de voir Napoléon III subir le même sort que ceux qui s’étaient dressés contre le coup d’État du 2 décembre 1851. L’exécution en grisaille invite à penser qu’il pût s’agir d’un modèle destiné à être traduit et diffusé par l’estampe.

Auteur du commentaire : Laure Chabanne