Mariage de Napoléon III

Joseph Nicolas Robert-Fleury (Cologne, 1797 – Paris, 1890)

Le mariage religieux de Napoléon III et d’Eugénie de Montijo eut lieu le 30 janvier 1853 à Notre-Dame, au lendemain du mariage civil qui fut célébré au palais des Tuileries dans la salle des Maréchaux. Napoléon III, alors âgé de quarante-quatre ans, avait connu de nombreuses liaisons et jouissait d’une réputation de grand séducteur. La future impératrice avait vingt-sept ans. L’union s’était décidée vraisemblablement lors du séjour que la belle Eugénie avait fait à Compiègne en décembre. Napoléon III avait demandé sa main, malgré l’hostilité de son entourage qui eût préféré une alliance matrimoniale plus prestigieuse et plus favorable à la diplomatie française.

Le chœur de la cathédrale Notre-Dame de Paris avait été orné pour l’occasion d’un grand dais couronné de l’aigle impériale, dont on aperçoit les draperies sur la droite. Le couple fut uni sous ces flots de pourpre, sous le regard du roi Jérôme, oncle du marié, et de ses enfants, le prince Napoléon et la princesse Mathilde, que l’on distingue clairement de profil sur les marches à gauche. L’impératrice était parée d’une robe de satin blanc recouverte de point d’Angleterre et brodée de brillants, dotée d’une traîne de quatre mètres. La beauté et l’air majestueux de la nouvelle souveraine frappèrent immédiatement la foule qui se pressait pour la découvrir. Elle est ici au centre de la composition. Face à elle se tient l’archevêque de Paris, monseigneur Sibour, entouré du clergé. Détail curieux, le peintre a figuré sur les marches de l’estrade le grand collier de la Légion d’honneur reposant sur un coussin, alors que Napoléon III le portait autour du cou.
Élève de Girodet, de Gros et d’Horace Vernet, Robert-Fleury faisait partie de la génération qui s’était révélée dans les Salons des années 1820 avec des tableaux à sujets historiques, tel Scène de la Saint-Barthélémy : assassinat de Brion, gouverneur du prince de Conti (Salon de 1833, Paris, musée du Louvre). Sous le Second Empire, il était au faîte de sa carrière. Nommé membre de l’Institut en 1850, il fut le premier directeur de l’École des beaux-arts après la réforme de celle-ci en 1863, puis devint en 1867 le directeur de l’Académie de France à Rome et fut nommé commandeur de la Légion d’honneur.
Robert-Fleury se lança dans la préparation d’une toile représentant le mariage de l’empereur avec l’aval des autorités et sans doute avec l’espoir d’une commande officielle, puisque le chanoine trésorier de Notre-Dame de Paris lui confia le 11 juin 1855 « une tunique et une chappe du grand ornement de drap d’or donné par le roi Louis Philippe¹Fermer1. Archives de Notre-Dame de Paris, 1855 06 11 Reg. cap. » pour les besoins de son travail. L’étude du tableau fut donc poussée assez loin, mais elle n’aboutit pas. Comme le montrent les tribulations du Baptême du Prince impérial de Couture, la commande ferme intervenait souvent quand l’œuvre était très avancée, voire achevée. En 1856, lorsque Frédéric de Mercey, chef de la division des Beaux-Arts, adressa au ministre d’État un grand programme iconographique à la gloire des hauts faits civils et militaires du nouveau régime, il fut question d’y inclure un grand tableau figurant le mariage et d’en confier l’exécution à Franz Xaver Winterhalter. L’impératrice Eugénie, principale héroïne de la scène, avait-elle été insatisfaite des esquisses soumises par Robert-Fleury ? Avait-elle souhaité voir confier cette tâche à son peintre favori ? En tout cas, ce projet ne fut pas non plus mené à bien.

Auteur du commentaire : Laure Chabanne