L Maréchal Canrobert

Nélie Jacquemart (Paris, 1841 – Paris, 1912)

Cornélia Jacquemart, qui abrège son prénom en Nélie, étudie la peinture dans les ateliers de Léon Cogniet puis d’Ernest Hébert. Nélie se consacre aux portraits et peint en 1872 celui d’Édouard André, héritier d’une riche famille protestante, qu’elle finit par épouser le 29 juin 1881. Partageant les mêmes goûts, ils voyagent en Italie et achètent de très nombreuses œuvres d’art de la Renaissance italienne qui décorent leur hôtel particulier du boulevard Haussmann et l’abbaye de Chaalis. Respectant le vœu de son mari mort en 1894, Nélie Jacquemart-André lègue tous ses biens à l’Institut de France pour donner naissance au musée Jacquemart-André et à celui de l’abbaye de Chaalis.

Le modèle représenté, le maréchal Canrobert (1809-1895), fait partie des militaires ralliés au coup d’État de 1851. Il sera régulièrement invité à Compiègne entre 1852 et 1857, puis de 1864 à 1868. Nommé maréchal en 1856, Canrobert participe aux combats de 1870. Encerclé dans Metz, il est fait prisonnier le 28 octobre et ne rentre en France qu’en mars 1871. Selon Castagnary, le tableau de Nélie Jacquemart offre le fidèle reflet d’un personnage ambitieux et égoïste : « La jeune artiste n’avait sans doute voulu faire qu’un portrait ; par la vérité de la ressemblance, elle a fait presque une satire. Dans tous les cas, qu’elle ait eu conscience ou non du résultat, elle a formulé un jugement. […] Lisez dans les parties molles de cette tête dont elle a construit et modelé les plans avec une attention si soutenue, vous y trouverez tout au long la suffisance, la morgue et la fragilité morale du modèle qui a posé. »

Auteur du commentaire : Jacques Kuhnmunch, Laure Chabanne