Agricol Perdiguier, dit Avignonnais-la-Vertu

Louis Berten

Le portrait d’Agricol Perdiguier (1805-1875) nous renvoie au monde du compagnonnage dans la France du xix^e siècle. Si la personnalité de Louis Berten est inconnue, on sait que Perdiguier est né en 1805 près d’Avignon. Il est reçu en 1825 compagnon menuisier du Devoir de Liberté sous le surnom d’Avignonnais-la-Vertu. En 1839, il publie l’ouvrage qui le rend célèbre auprès de ses compagnons, Le Livre du compagnonnage, où il dévoile les rites et coutumes de cette société.

Républicain de conviction, initié à la franc-maçonnerie, protégé par Lamartine et George Sand, Perdiguier mena aussi une carrière politique. Elle fut interrompue par le coup d’État du 2 décembre 1851 et par un exil en Belgique. Rentré en France, il s’installe à Paris et ouvre une librairie près de la gare de Lyon. Devenu maire adjoint du 12^e arrondissement lors de la proclamation de la république, il meurt ruiné le 25 mars 1875.

L’iconographie de ce compagnon est quelque peu déroutante. Il est représenté portant l’écharpe et la canne, deux symboles de son appartenance au monde des compagnons et du tour de France. Comme le fait remarquer Laurent Bastard (communication écrite, novembre 2010), cette toile est copiée d’après de petites lithographies éditées par Perdiguier vers 1860, mais l’écharpe ne correspond en aucune façon à celle portée par les compagnons. Acquise en 1966, cette peinture est identique à un autre portrait du même compagnon portant une écharpe similaire qui comporte trois étoiles sous le nom du compagnon, le compas et l’équerre enserrés par les deux rameaux. À la même époque, d’autres tableaux figurant des compagnons sont apparus sur le marché de l’art. On pourrait être en présence d’œuvres copiées par un amateur, étranger au monde du compagnonnage, ou par un faussaire, qui aurait recopié d’une manière approximative la symbolique originale des écharpes figurant sur les lithographies publiées de son vivant par Perdiguier.

Auteur du commentaire : Jacques Kuhnmunch